Nous sommes au début du mois de septembre, un peu plus d'un mois après mon premier 100 miles au Maah Daah Hey 100. C'est le temps de revenir sur l'événement pour vous faire part de ce que j'y ai appris et de comment s'est déroulée ma récupération.

Commençons par le début. Le lendemain de la course, j'avais les pieds enflés comme jamais auparavant. J'étais évidemment très fatigué et ma blessure au mollet m'empêchait de marcher normalement. Nous avons pris plusieurs petites pauses entre le Dakota du Nord et Bighorn National Forest, au Wyoming, où nous avons passé la nuit. Le minuscule camping était un îlot de paradis, juste sur le bord d'une petite rivière, la Shell Creek. Y tremper mes pieds m'a fait le plus grand bien. Le dessous de mes pieds était beau, je n'avais que deux petites ampoules. 

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Le lendemain matin, nous quittions pour Grand Teton National Park où nous avons dormi deux nuits. Quand nous avons fait le tour du terrain de camping, j'avais de la difficulté à suivre les enfants. J'avais mal aux jambes, particulièrement au mollet gauche. Je n'avais pas d'énergie et je me fatiguais très vite. Je devais m'asseoir tous les kilomètres pour prendre une pause. Au troisième jour, après de toutes petites randonnées, nous nous sommes baignés dans le lac Jackson et ça m'a fait le plus grand bien.

Le jeudi matin, nous avons repris la route pour aller dormir à Yellowstone. Les douleurs avaient beaucoup diminué et je recommençais à marcher normalement. Je me fatiguais encore rapidement mais mon niveau d'énergie commençait à remonter. Le jour suivant, nous avons fait un peu plus de 12km dans la journée mais avec de bonnes pauses (voiture) entre les différents endroits. Mes jambes avaient bien récupéré.

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Après trois nuits à Yellowstone, nous avons quitté pour Glacier National Park. Une nuit à l'hôtel, entre les deux parcs, s'est transformée en nuit de gastroentérite pour moi. J'ai lu à plusieurs endroits qu'une majorité de coureurs sont malades, souvent la grippe, après un 100 miles. Il y aurait un affaiblissement du système immunitaire causé par la fatigue et l'effort extrême exigé. C'est probablement la cause de cette nuit blanche car j'ai été le seul à être malade (heureusement) et habituellement, je ne le suis jamais. 

Physiquement, je me sentais bien pour le reste du voyage mais ça a pris trois semaines à ma fréquence cardiaque au repos pour revenir à la normale. Elle était de 10 à 15 battements par minute plus élevée. J'ai repris doucement la course 17 jours après la fin du Maah Daah Hey. Ça a pris encore 4 ou 5 jours à ce que l'effort ressenti, la fréquence cardiaque et la vitesse se stabilisent et redeviennent normaux. Je viens de terminer un bloc de deux semaines d'entraînement qui s'est bien passé. Ça m'aura donc pris trois semaines pour récupérer et deux semaines supplémentaires pour revenir à un volume de course normal. Je trouve ça excellent. La récupération était active et non passive. Ça fait une bonne différence.

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Matériel

Il y a toujours des gens intéressés par ce qu'on utilise en ultra alors voici ma liste:

  • Souliers: Altra Lone Peak 3.5 pour les premiers 82 et les derniers 25km. Altra Paradigm 3.0 pour la nuit.
  • Naked Running Band pour les mêmes sections
  • Sac Ultimate Direction AK 3.0 pour la nuit avec, à l'intérieur, le Patagonia Houdini, une paire de gant, trousse de premiers soins, Wet Ones, bouffe et eau
  • Bâtons Black Diamond Z-Distance pour la nuit
  • Bas Injinji pour la première moitié et Darn Tough en mérinos pour la seconde
  • Chandail Technique Altra pour le début et la fin, chandail de coton cheap avec des trous pour la partie chaude de la journée et chandail à manche longue en mérinos pour la nuit
  • Short shorts Asics 3"
  • Buff Altra
  • Flasques mous Ultimate Direction (500ml) et Hydrapak (600ml)
  • Tailwind Nutrition au début de la course mais mes intestins n'ont pas aimé. GU Roctane de temps en temps par la suite.
  • Barres Cliff et barres aux figues, un peu de bonbons, quelques fruits séchés, tortillas au beurre d'arachide
  • Une quantité industrielle de tortillas avec guacamole épicée à partir de la fin de l'après-midi jusqu'à la ligne d'arrivée
  • Soupe aux nouilles à deux reprises
  • Salt tabs de temps en temps mais régulièrement
  • Montre Amazfit Stratos

Apprentissages et constatations

Voici quelques notes que j'ai prises dans les jours suivant la course.

  • Avoir la chance de jaser avec le légendaire Eric Clifton et sa femme, pendant plusieurs heures, au camping, la veille de la course, ça motive. :)
  • La bouffe épicée élimine le goût excessif du sucre qui me donne mal au coeur sur une trop longue période. Je devrai expérimenter avec un citron ou une lime pour voir si ça a le même effet. À manger trop épicé, j'ai fini par avoir un peu de brûlement d'estomac mais c'était tout de même mieux que la nausée car je pouvais manger.
  • Un 100 miles, c'est long, alors si ça ne va pas, ça a le temps de changer. C'est Sébastien Roulier qui m'avait dit cette phrase après sa course au Vermont 100. J'ai pu le constater durant ma course. Il y aura des hauts et des bas. Si vous êtes dans un creux, ça peut remonter quelques heures plus tard alors ne lâchez pas.
  • Quand j'avais de la misère à avancer, je pensais à Eric McGee, au Bromont Ultra l'an dernier. Je me suis rappelé qu'il avait fait le dernier kilomètre à 6:15min/km. Ça m'a motivé à courir.
  • Prendre le temps de faire un bon reset peut sauver une course. Les 30 minutes de pause que j'ai prises après 82km m'ont permis de manger et de me changer les idées. Ça a fait une énorme différence pour le reste de la course.
  • L'importance d'une bonne équipe de soutien est non-négligeable. Edith et les enfants ont été un élément essentiel à la réussite de ma course. Savoir que tu verras tes amours au prochain point de contrôle aide à avancer.
  • La glace dans le cou (avec un bandana), ça fait du bien… mais ça fond et ça descend entre les fesses. Ne pas oublier de remettre régulièrement de la crème sinon la douche sera douloureuse.
  • Il n'y a rien comme un bon coup de tonnerre pour retrouver ses jambes. Alors que l'orage s'approchait, j'ai eu une bonne dose d'adrénaline qui m'a permis de courir à une vitesse que je ne croyais pas possible après 140km. Ça prouve que c'est le cerveau, beaucoup plus que le corps, qui nous ralentit. Ça vaudra la peine de faire quelques tests et de m'endurcir le mental. ;)
  • Je pensais que la course ne serait pas technique mais le sol était très argileux. Quand il pleut et qu'un troupeau de vache passe par là, ça fait une surface très inégale en séchant. C'était aussi très glissant et collant après l'orage.
  • Curieusement, je n'ai pas trouvé qu'il y avait une grande différence entre cette course de 172km et les 110km de l'UTBdM. Peut-être que j'étais plus prêt physiquement et mentalement, ou que c'était l'expérience qui faisait la différence. Je n'ai pas trouvé ça plus difficile. La grosse différence, c'est la récupération APRÈS la course.
  • Je fais souvent la blague qu'un ultra, c'est 50% physique et 90% mental… Le mental est vraiment TRÈS important.
  • Entre le 50ème et le 82ème kilomètre (Ravito #2), j'ai cherché des raisons pour abandonner: chaleur, fatigue, douleur à la bandelette, douleur aux pieds, écoeurement, nausée, perte du plaisir de courir, oubli des raisons pour lesquelles je faisais cette course, questionnement sur ma santé mentale… Aucune de ces raisons ne m'empêchait d'avancer alors c'est ce que j'ai fait. Aucune de ces raisons n'était valable.
  • C'est la troisième fois que j'ai des problèmes de bandelette pendant une course, les deux autres fois étant à l'UTMA et l'UTBdM. J'ai compris pourquoi: le long voyage en auto. Après 12-15h d'auto, je n'avais plus de position et j'avais des douleurs à la fesse et à la bandelette. Le lendemain, c'était pire. La douleur est revenue après environ 25km de course. Je devrai choisir des courses plus proches de la maison ou partir plus tôt et faire de moins longues journées en voiture.
  • Même si ta femme te dit que le gars devant toi était pas mal plus amoché quand il est passé, 45 minutes avant, ça ne veut pas dire que c'est une bonne idée de tenter de le rattraper avec 25km à faire. J'ai poussé un peu trop et je me suis blessé au tendon d'Achille en plus d'avoir un bonk épique avec encore 13km à faire. 
  • Les moments partagés à courir avec ma fille Sarah resteront parmi les plus précieux de ma vie. Une douzaine de kilomètres, un coucher de soleil magnifique et le lever d'une lune rouge. C'était magique. 
  • Dans un point de contrôle, j'étais assis et je discutais avec Edith et j'ai dit: Si je finis la course… En voyant sa face, j'ai compris que ça me prendrait une méchante bonne raison pour abandonner.
  • Je n'ai pas eu d'ampoule au pied droit et seulement deux petites au pied gauche, du côté des douleurs à la bandelette et au tendon d'Achille. C'est probablement dû à un changement de patron de course à cause de la douleur. J'ai même eu les pieds mouillés sur les derniers 28km du parcours et ils étaient en bon état après la course. Prendre un peu de temps en prévention, ça vaut vraiment la peine. Les quelques morceaux de tape ont été très efficaces.
  • Ne pas mettre de bas courts (no-show) quand il y a de l'argile. En séchant, ça a fait une croûte sur le bord du bas et j'ai terminé avec une plaie sous la malléole où ça frottait.
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  • C'est une bonne idée de mettre de la crème solaire partout sous un chandail à trou. J'ai eu de beaux ronds rouges un peu partout sur l'abdomen et la poitrine où j'avais oublié d'en mettre. ;)
  • J'ai passé 2h59 arrêté dans les points de contrôle et les ravitos. C'est sûrement un des points que je pourrai améliorer lors de ma prochaine course.
  • J'adore camper directement au départ. Ça permet de se lever plus tard et de déjeuner relax, sans se presser.
  • Les bénévoles qui entretiennent la Maah Daah Hey font un travail exceptionnel pour conserver ce magnifique sentier. Ils ont mon admiration.
  • 31 heures avec moi-même, c'est long. j'en ai dit des conneries dans ma tête. Ça permet de faire une bonne introspection.
  • J'ai de la difficulté à réaliser que j'ai couru 172km. C'était long mais en même temps, ça a passé vite. J'étais tanné de courir mais il y avait une partie de moi qui ne voulait pas que ça se termine. C'est difficile à expliquer. Plusieurs fois pendant la course, j'ai pensé à toutes les heures d'entraînement pour en arriver là et je me suis rappelé plein de souvenirs. Chacune de ces minutes en valaient la peine. Le chemin sera toujours plus important que la destination.
  • Après la course, je savais déjà que ce ne serait pas mon dernier 100 miles (l'idée ne m'a jamais traversé l'esprit), mais j'étais satisfait et je ne me sentais pas l'obligation d'aller magasiner tout de suite le prochain sur Ultrasignup. Pour les intéressés, le prochain sera en Nouvelle-Écosse, en août 2019, lors du Capes 100.

C'était pêle-mêle comme idées et observations mais j'espère que ça pourra vous être utile. En gros, c'était une expérience inoubliable et agréable.

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