Dès l'inscription, c'était clair que j'allais être présente pour aider Eric à accomplir son défi et notre fille Sarah souhaitait elle aussi assister à cette journée. Je n'ai pas eu l'impression d'accomplir grand chose cette journée là mais voici un peu ma perception pour ceux et celles qui seraient intéressés d'accompagner quelqu'un dans une aventure un peu folle de courir plusieurs kilomètres en montagne.
La préparation
Eric et moi avons beaucoup écouté les podcast de Trail Runner Nation. Ils m'ont fait découvrir plusieurs aspects et personnalités de ce sport. Je savais donc un peu ce qui pouvait arriver lors de ses évènements. J'ai aussi tenté de trouver des articles qui parlaient des membres de l'équipe (crew member). Ceux que j'ai trouvés disaient qu'il fallait tenter de penser un peu au devant du coureur et de ses besoins. Qu'il ne fallait pas prendre personnel le fait que le coureur soit bête avec nous.
Nous avons aussi écouté le film Unbreakable histoire de s'inspirer un peu. Je n'ai pas appris grand chose sur les membres de l'équipe car les coureurs passaient très rapidement aux ravitaillements.
Eric avait très bien planifié son matériel, ses exigeances alors j'étais un peu moins stressée et après tout, ce n'était pas à moi de tout planifier, juste à suivre ses recommandations écrites. Au premier point? Garder le sourire. D'autres exemples :
- Choses à apporter: autre ceinture avec gourde au cas où il voudrait délaisser son sac à dos, vêtements de rechange, autres souliers, jujubes, biscuits, petite trousse pour soulager l'estomac et les intestins.
- Calculer un temps maximum de 5 minutes au ravitaillement selon le retard.
- Vérifier: l'état de ses pieds et ses jambes, s'il a des irritations cutanées, s'il a faim ou froid ou chaud ou soif, s'il veut se changer, s'il a besoin de bâtons ou autre équipement pour repartir.
- Ne pas avoir pitié de lui, peu importe son état.
- Ne pas se gênez de lui botter le derrière ou de le traiter de mauviette s'il se plaint. Sarah voulait le traiter d'imbécile heureux. Elle a pas osé.
La course
Un de mes stress (oui oui, je stresse pour rien dans la vie) était de me perdre ou de ne pas me rendre aux ravitaillements à temps mais malgré l'aller retour Bomont-Sherbrooke pour aller chercher Sarah qui voulait m'accompagner, nous sommes arrivées à temps et les indications ne pouvaient être plus claires pour se rendre à tous les points. Nous avions beaucoup de temps évidemment entre les postes alors ce fut plutôt facile.
Malgré un parcours difficile, ce qui m'a le plus frappé est le sourire des coureurs lors de leur arrivée aux ravitaillements. Ils étaient heureux de nous entendre les applaudir, de voir la nourriture, de pouvoir souffler un peu. Eric avait un grand sourire, j'étais certaine au début qu'il avait trouvé ça facile. Il était dans les temps qu'il avait prédits et malgré le fait qu'il ne voulait pas perdre trop de temps aux ravitaillements il était calme et relax alors c'était un peu gênant de lui dire qu'il devait repartir. Ça a été comme ça toute la journée. Il savait ce qu'il voulait en arrivant alors je n'avais qu'à le lui fournir. J'ai vu le sourire diminuer un peu au dernier ravitaillement mais au 50e kilomètre!! J'aurais perdu le sourire bien avant. Je devais l'aider à remplir son sac d'hydratation et je ne l'ai jamais fait. Par chance puisque par deux fois le bouchon était mal fixé et ça a coulé. Finalement j'ai transporté des bagages, massé un peu ses muscles et j'ai donné des câlins. J'ai aussi fourni un peu de mouchoirs et repris les vêtements inutilisés. J'ai tenté d'aider et d'encourager d'autres coureurs, d'offrir mon aide le plus possible. Ah oui, j'ai pris des photos, évidemment.
J'étais contente que son ami Dany vienne lui rendre visite au 50e kilomètre. Je savais que ça changerait le moral, qu'il l'aiderait autrement que moi je pouvais. Et qu'il pourrait lui botter les fesses si nécessaire.
Ma conclusion
Je n'ai pas l'impression d'avoir été si indispensable et c'est tant mieux. Eric était très bien préparé. Nous avions qu'à "suivre les ordres". Jamais il n'a été bête ou sec avec Sarah et moi. C'était beaucoup plus relax et calme que je l'aurais cru lors du ravitaillement. Je n'ai toutefois pas réussi à le forcer à manger quand je savais qu'il allait manquer d'énergie. Mais je savais aussi pour avoir eu l'estomac à l'envers que c'est difficile à obliger. J'étais plus qu'heureuse de le voir arriver, avec nos enfants à ses côtés, le regard de fierté de Raphaël qui n'en revenait pas de l'exploit de son père. J'étais heureuse d'avoir vécu ça avec Sarah. Elle fut d'un calme et d'une patience d'ange.
Mon conseil si vous prévoyez accompagner quelqu'un? Sachez dans quoi cette personne s'embarque. Ne la prenez pas en pitié, soyez calme et souriant et assurez-vous que cette personne a bien planifié sa course, sinon vous pouvez peut-être le faire avec elle.
Est-ce que ça m'a donné le goût de courir un ultra? J'en avais déjà le goût avant cette course. J'ai quand même peur de ne pas être à la hauteur. Je n'ai pas peur de l'entrainement mais j'ai peur d'avoir surestimé ma capacité de "survivre" à ce genre d'épreuve. Il faut être fort mentalement et je voudrais être comme ces coureurs que j'ai croisés tout au long de cette journée. Souriants, reconnaissants, et malgré la souffrance, heureux et soucieux des autres autant qu'eux. Des gens inspirants.