J'écrivais récemment sur la règle de trois en compétition. Je parlais de l'importance de se fixer trois objectifs au lieu d'un seul pour être certain de retirer quelque chose de positif d'une course. Je disais aussi qu'il était important de noter trois choses apprises et trois choses à travailler après un événement. Je fais donc un retour sur le Bromont Ultra même si j'ai déjà écrit un roman sur le sujet.

Trois choses apprises durant la course

1- La dureté du mental ;)

Mon physique m'a abandonné rapidement pendant la course. Après la troisième montée de Bromont, à 12km du départ, j'ai commencé à avoir des crampes dans les ischio-jambiers et ce, même si ma nutrition était bonne. Je crois que c'est une combinaison de fatigue musculaire et peut-être un peu de déshydratation. La fatigue et les douleurs se sont faits de plus en plus présentes. Mais même si le physique va mal, c'est le mental qui nous permet d'avancer.

Il faut toujours avancer, même si c'est très lentement. En autant qu'on continue à mettre un pied devant l'autre, on s'approche du fil d'arrivée. Avec cette attitude, on apprend que le physique est capable de beaucoup plus que ce qu'il tente de nous faire croire.

J'ai été content de constater que je pouvais garder un bon moral et le sourire tout au long de l'épreuve. Comme je dis souvent, on court plus vite en souriant. En plus, les gens des stations de ravitaillement te rendent ton sourire et font tout pour t'aider quand tu arrives de bonne humeur.

2- Se fixer de petits objectifs

Ça s'est fait tout naturellement dans mon cas. Je n'ai presque pas pensé à la distance qui me séparait du fil d'arrivée. Peut-être une fois ou deux en début de parcours mais plus pour en rire... genre: il me reste seulement 40km à faire. Ça aide de se fixer de petits objectifs. Parfois, mon seul objectif était d'atteindre le sommet d'une montée. Souvent, c'était la distance qu'il me restait à parcourir avant de revoir ma femme et ma fille. D'autres fois, c'était d'aller rejoindre le gars ou la fille en avant de moi pour pouvoir jaser. Certaines fois, c'était seulement de faire un pas de plus.

C'est beaucoup plus facile de gérer de petits objectifs que de tenter de calculer le nombre de kilomètres qu'il nous reste à parcourir. Penser qu'on en a encore pour 4 ou 5 heures, c'est beaucoup plus démoralisant que de se concentrer sur le fait qu'il reste 1km avant le prochain ravito et qu'ils ont ces délicieux desserts au chocolat que j'ai goûtés plus tôt. :)

3- L'importance de l'hydratation et de la nutrition

Ce n'est pas nouveau, je l'ai toujours su mais c'est important de se le faire rappeler de temps en temps. Quand c'est plus frais, on a tendance à oublier de boire. Si en plus, on a de la misère à reprendre son souffle parce que la pente est trop raide, s'hydrater devient vraiment secondaire. Je crois que je me suis déshydraté un peu dans la première section du parcours. Peut-être que ça a contribué à mes problèmes de crampes mais c'est difficile à dire.

Je savais aussi à quel point la nutrition pendant la course est importante. De ce côté, tout a bien commencé. J'ai suivi mon plan, le même plan qu'à mon premier marathon en septembre. J'étais fatigué par le parcours difficile mais je ne manquais pas d'énergie. J'ai fait quelques erreurs plus tard. Ma première a été de ne pas assez m'alimenter dans les ravito. La seconde, plus importante, était causée par la fatigue qui m'a amené dans un cercle vicieux. Plus j'étais fatigué et plus j'oubliais de m'alimenter régulièrement. À un moment donné, j'ai perdu le contrôle et je me suis rendu compte que ça devait faire une heure que je n'avais rien pris. Ça devient beaucoup plus difficile de faire du rattrapage par la suite. Heureusement, ma course tirait à sa fin mais si j'avais eu à poursuivre sur 80 ou 160km, cette bévue aurait fait très mal.

Trois choses à travailler

1- Le renforcement

Dès que je reprend l'entraînement régulier, je devrai ajouter des exercices de renforcement des muscles des jambes, des fesses, du tronc et des membres supérieurs. C'est bien beau l'endurance développée par les longues courses mais une plus grande force musculaire m'aurait aidé beaucoup dans les ascensions et les descentes. De meilleurs abdos profonds auraient stabilisé mieux mon corps dans les sections difficiles. Le renforcement des membres supérieurs aide non seulement la course mais aussi à l'utilisation des bâtons.

2- La concentration dans les moments de fatigue

Je devrai apprendre à continuer de bien gérer ma course, surtout au niveau de l'hydratation et de la nutrition, quand je suis fatigué. Je pourrai le faire dans des entraînements back-to-back ou bien en allant courir de nuit.

3- Améliorer mon ascension

Monter est définitivement mon gros point faible. Ma vitesse sur route s'améliore sans cesse et je suis à l'aise et rapide en descente mais j'en arrache tellement quand je monte. Dans la dernière montée, j'ai commencé à mettre en pratique des conseils de Benoît Talbot et aussi celui que Gilles Poulin m'a donné dans l'ascension brutale qui suivait le premier poste de ravitaillement. Je dois maintenant pratiquer ça à chaque fois que j'irai en montagne. Que je sois seul à l'entraînement, en sortie scolaire ou en randonnée en famille, je dois me concentrer sur ces points et améliorer mes montées. C'est mon plus gros défi pour 2016. Je dois apprendre à aimer monter... tout un défi.

Pour conclure le Bromont Ultra

Cette aventure a été formidable. C'était un coup de tête de dernière minute. Je me suis inscris à la mi-août et c'était deux semaines après mon premier marathon. Plusieurs de mes amis m'ont traité de cinglé et je suis sûr que plusieurs d'entre eux pensaient secrètement que je me planterais. Ça ne me dérange pas. Ça me tentait d'essayer. Qu'est-ce qui pouvait arriver? Que je ne finisse pas? Et après!

J'ai adoré mon entraînement et tout le parcours que j'ai fait pour arriver au Bromont Ultra. Je mentirais en disant que c'était facile. J'ai eu mal mais j'ai eu aussi beaucoup de plaisir. La journée était parfaite, le décor enchanteur et j'ai eu la chance de discuter avec pleins de gens intéressants. J'ai vu la détresse dans certains regards mais j'ai vu tellement de bonté dans d'autres: la famille, les amis, les bénévoles. J'ai surtout vu beaucoup de fierté. Dans le regard des autres coureurs mais aussi dans ceux de leurs familles et amis. Mais c'est la fierté et l'amour dans le regard de ma femme et de mes enfants qui m'ont persuadé plus que tout que j'avais fait le bon choix, ce soir du mois d'août, de m'inscrire au 55k du Bromont Ultra.

#believe #bealive

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