J'avoue que je suis surprise. Vous avez été nombreux à réagir à la photo qu'Eric a mise de moi sur Facebook disant que j'avais couru 50km seule dans le parc du Mont Orford. Je ne l'ai pas fait pour les réactions car je suis juste bien contente de ma journée. Ça ajoute un petit quelque chose c'est certain. La distance ou le fait que j'ai fait ça seule vous a fait réagir. Ce qui est le plus étrange est que ce sont beaucoup la peur et le doute qui m'ont fait entreprendre ce défi personnel. Je doute. Toujours. C'est un travail de tous les jours. Rien à faire. Je crois que ça coule dans mon sang... Ça fait d'ailleurs longtemps que j'ai écrit sur ce blog car chaque fois, même si j'ai une bonne idée je recule en me disant qu'au fond ça n'intéresse personne. Alors pour la course, je doute comme ça aussi. J'ai réussi à terminer l'UTMA mais avoir peur de rater le cut off a un peu gâché ce beau parcours. Ça ajoute maintenant à mon doute. Les cut off. Je comprends pourquoi ils existent. Je pourrais sûrement choisir de plus petites distances mais une fois que tu as goûté au fait de pousser la distance, c'est difficile de reculer.

Puis il y a eu cette belle sortie qu'est la Pemi-loop en amoureux. Malgré le fait que ça a pris pas mal plus de temps que plusieurs coureurs, j'étais si contente de l'avoir fait. Le sentiment de fierté était le même et sinon plus grand que m'aurait procuré une course organisée car la peur et le doute n'étaient pas présents. Sauf un peu la peur de courir la nuit. J'étais tellement fière qu'il me semble que ce n'est pas si longtemps après que j'ai mentionné à Eric que j'aurais bien aimé faire la double traversée d'Orford en solo. 

Nous avons regardé quelques courses à l'automne pour moi. Soit elles étaient loin, soit il y avait encore cette barrière horaire que je n'avais pas le goût de chasser. Il y avait étrangement toujours une raison pour ne pas la faire. Comme Eric avait déjà l'Ultra-trail du Bout du Monde, je me suis dit que comme j'étais très satisfaite de mon été, je regarderais pour l'année 2018. Je continuais l'entrainement comme si je courais entre 42-50km le 14 octobre sans savoir quoi, car j'aime avoir un programme d'entrainement structuré. 

L'expérience d'Eric et des autres en Gaspésie et celle de David Bombardier ont allumé la petite étincelle en moi. C'était le 13 octobre que j'allais réaliser mon défi de courir la double traversée d'Orford. J'ai changé d'avis des centaines de fois. Peur de courir seule dans le noir. Peur de ne pas avoir assez de courage pour tout accomplir. Peur de refaire le sentier des Crêtes deux fois. Peur de remonter la Grande Coulée avec des jambes malmenées. Me dire que je commencerais et finirais dans le noir car les journées sont courtes. Et puis en discutant avec Eric, il m'a bâti une route qui me plaisait tellement plus. Je courais par défi personnel, pour justement arrêter d'avoir peur, parce que l'entrainement me disait que je pouvais courir cette distance, pas pour accomplir cette route nécessairement. Je suis bien contente de ne pas l'avoir fait, cette double traversée. C'est une autre ligue. J'ai avancé à mon rythme, poussé un peu quand même, mais une fois partie, il y a eu très peu de doute. Juste le bonheur et le privilège de pouvoir faire ça. De la fatigue mais pas de pression. Et juste un beau sentiment que j'étais à ma place, sans rang ni compétition mais quand même avec un défi de 50km et 2300m de dénivelé positif.

Je ne renonce pas aux courses organisées pour découvrir des endroits magnifiques et rencontrer des gens passionnés et passionnants mais je me rends compte que l'intravertie que je suis adore aller seule dans les bois retrouver la petite fille qui aimait bouger et jouer dehors. J'adore suivre mon programme d'entrainement et ne renonce pas à un jour augmenter les distances car le monde de l'ultra-trail me fascine mais pour le moment, je ne suis pas aussi pressée car l'important c'est avoir du plaisir et trouver son propre chemin. 

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