Par où commencer? J'ai tellement de choses à dire sur ce sujet...

Mes enfants ont la chance de fréquenter une école à vocation Santé Globale. En gros, ils ont la chance de faire plus d'heures d'éducation physique par semaine et de pratiquer certains sports lors de journées spéciales. Par exemple, Sarah a eu deux jours de cours de ski alpin l'hiver dernier. À chaque année, depuis la maternelle, ils vont aussi gravir une montagne. D'année en année, la difficulté de celle-ci augmente. En 6ème année, pour la fin du primaire, ils grimpent le mont Lafayette dans le New Hampshire. Le sommet est à 1600m d'altitude et propose habituellement une vue panoramique magnifique. La randonnée est d'environ 13km avec un dénivelé positif de 1200 mètres.

En partant, le projet est magnifique. Trois jours en camping avec une belle gang de jeunes et leurs parents, ça s'annonçait vraiment le fun. Beaucoup de parents se sont impliqués pour rendre cet événement possible mais le projet est réalisable grâce aux professeurs d'éducation physique et à l'animatrice de vie spirituelle et communautaire de l'école (AVSEC). Caroline Allaire, le prof d'éducation physique, porte ce projet à bout de bras depuis plusieurs années. Vous ne pouvez même pas imaginer toutes les heures hors travail qu'elle consacre à ce projet. Je n'ose même pas calculer le nombre d'heures de bénévolat qu'elle y consacre chaque année. Cette année, elle était épaulée par France Amyot, l'autre professeur d'éducation physique. Elles forment vraiment une équipe du tonnerre. Elles se complètent parfaitement. France est l'incarnation de la douceur et de la gentillesse. Une vraie petite maman toujours là pour réconforter les élèves. Caroline est plus directive et sait comment pousser les élèves pour qu'ils donnent leur maximum (et même plus parfois). C'était vraiment plaisant de passer ces trois jours avec elles. Je ne connaissais pas l'autre Caroline (l'AVSEC) avant de partir, mais j'ai découvert une fille très gentille qui a su faire réfléchir les jeunes ados sur leur passage vers le secondaire... ainsi que plusieurs parents qui sont probablement plus inquiets de cette transition que leurs enfants.

Dimanche dernier, vers 6h00 du matin, toute cette belle gang s'est rencontrée dans un stationnement de supermarché pour les derniers préparatifs et le départ. Edith et moi avions la chance d'être du nombre. En tout, 31 enfants et 21 adultes ont pris le départ vers le New Hampshire pour une belle aventure. Comme je disais à Sarah, on n'a aucun contrôle sur la météo alors pourquoi s'énerver avec ça. En arrivant, le beau soleil nous a permis de monter nos tentes au sec. Caroline nous a fait visiter le camping et nous a donné les consignes de base pour les trois prochains jours. Après la distribution des tâches pour la journée, nous avons pris notre premier repas tout le monde ensemble.

L'après-midi fut consacré à une randonnée à Lonesome Lake qui offre une vue imprenable sur le Mont Lafayette et le sentier des crêtes. Une des amies de ma fille étant blessée au dos, les filles ont décidé de rester avec elle et de l'aider en transportant ses choses. Je suis fier d'elles. C'est une belle marque de solidarité et ce fut spontané. Je dirais même que c'était une évidence pour elles. Elles ont de belles valeurs. Après la randonnée, nous avons fait un petit détour par The Basin, juste un peu plus loin sur la 93. C'est un endroit magnifique. En fait, toute cette partie des Montagnes Blanches est à couper le souffle pour quiconque aime la nature.

De retour au campement, j'ai eu la chance d'aider mon nouvel ami Khalil dans la préparation du souper. Il m'a fait tellement rire tout le long de ces trois jours. Khalil éclate de rire pratiquement à la fin de chaque phrase et son rire est très communicateur. Tu ne peux pas être de mauvaise humeur quand tu es avec lui. En plus, c'est un cuisinier hors pair. J'ai aussi eu beaucoup de plaisir avec Miloudi, que j'avais appris à mieux connaître lors de l'ascension du Pic de l'Ours l'automne dernier. J'espère que le traitement d'ostéopathie donné sur une table de pique-nique a aidé un peu. 

Parlant de cuisine, je me disais que trois jours en camping et en randonnée me permettraient de perdre quelques livres. C'était sans compter sur les talents culinaires des parents des élèves. J'ai pris 1kg lors du voyage!!!

Lundi matin, au réveil, j'entendais la pluie tomber sur la tente. En mettant le nez dehors, je me suis rendu compte que c'était moins pire que le bruit le laissait entendre. On se levait tôt car nous avions une longue randonnée en vue. Après un bon déjeuner, nous sommes partis en voiture pour le Mont Lafayette. En descendant la 93, on voyait que la montagne était complètement dans les nuages. Avec les grands vents, j'avais toujours espoir que le temps s'éclaircisse à un moment donné.

8h05, sous la pluie battante, nous commençons l'ascension en direction du Greenleaf Shelter. Malgré la pluie, le morale est bon et les éclats de rire sont nombreux. Après quelques minutes, la pluie cesse. Une heure passe, les arbres deviennent plus parsemés et plus petits et nous commençons à avoir une vue sur... un nuage. Tout est blanc. Lors du premier arrêt, au point de vue, nous sommes face à un mur de brouillard. C'est impressionnant tout de même. Je me demande si en lançant une pierre, je l'entendrais tomber. L'ascension devient plus difficile. Le vent est définitivement de la partie et certaines sections sont très glissantes à cause de la pluie. Caroline se demande si les conditions météo nous permettront de faire le sommet et le sentier des crêtes.

En arrivant au refuge, tout le monde est content de se mettre au chaud et de manger quelque-chose. Les observations météo ne sont pas super: visibilité nulle, vents de 20-35 mph avec rafales è 45mph. C'est plus de 70km/h. Après une pause de près d'une heure pour laisser le temps à tout le monde d'arriver, c'est l'heure des choix. Quatorze élèves décident de faire le sommet et peut-être la boucle au complet par le sentier des crêtes. Pour Sarah, il n'y a aucune hésitation. C'est la boucle et rien d'autre. Je ne suis pas sûr qu'un ouragan l'en aurait empêchée. Edith et moi étions bien contents et fiers. Notre groupe commence sa route vers le sommet. Le vent est impressionnant. Une bruine nous fouette constamment et tout le monde est trempé après quelques minutes. Nous devons constamment retenir les enfants et nous accroupir en raison des rafales de vent. À mi-parcours, certains élèves décident de revenir sur leurs pas et d'aller rejoindre leurs amis au refuge. Ça prend du courage pour prendre cette décision, surtout à 12 ans quand l'orgueil est souvent plus fort que la raison. Les 12 autres décident de continuer. Nous étions plus d'adultes que d'enfants ce qui rendait le parcours plus sécuritaire.

Après une ascension épique, nous atteignons le sommet. Nous avions prévu manger le reste de notre dîner à cet endroit mais avec la pluie et les forts vents, nous optons plutôt pour une petite collation facile à prendre. Nous avions rencontré deux groupes de randonneurs faisant le chemin inverse au nôtre lors de notre ascension. Les deux groupes nous avaient confirmé que nous étions dans la partie la plus exposée aux vents et que le reste était moins pire. Heureusement, ils disaient vrai. Le vent était toujours présent sur le sentier des crêtes mais beaucoup moins puissant que lors de notre ascension vers le sommet du Mont Lafayette. Nous étions toujours dans un nuage et la bruine nous transperçait. Plusieurs personnes étaient gelées. Je me demande quelle était la température ressentie à ce moment mais elle était sûrement inférieure à 10°C. Et moi dans tout ça? J'étais heureux. Un imbécile heureux comme je disais à Caroline. C'est fou car les conditions météo étaient exécrables mais j'avais un plaisir fou et je n'étais pas le seul. J'ai tellement ri en faisant des high-five à répétition avec Luc. Je ne sais pas si Eric nous trouvait fou ou tout simplement drôle mais lui aussi avait le sourire accroché au visage. François continuait d'être notre bout-en-train tout en étant l'adulte "responsable" du groupe. René conservait son calme légendaire et son petit sourire en coin. Chantal, Valérie et Edith étaient plus inquiètes pour les enfants mais semblaient avoir autant de plaisir que nous. Pour Anthony et son père, ça ressemblait à une balade dans un parc un dimanche après-midi. Sarah et Émile, malgré le fait que leurs mains étaient trop gelées pour ouvrir leurs sacs de noix, ne se plaignaient pas du tout. En fait, pratiquement personne ne se plaignait malgré les conditions et la fatigue. Sarah disait même qu'elle voulait revenir cet été pour la vue que les nuages nous cachaient. Après 5 heures de marche, et malgré qu'elle soit frigorifiée, elle parlait de revenir et recommencer. Je t'aime cocotte! Ce n'était pas la seule d'ailleurs. En arrivant en bas, Fred était déjà prêt à recommencer.

Après une série de montées et de descentes sur un chemin rocailleux, à se faire pousser par le vent et la pluie, nous avons atteint le sommet du mont Little Haystack. C'est à cet endroit que nous avons laissé le sentier des crêtes pour amorcer notre descente par la Falling Water Trail. La partie supérieure de ce sentier est très escarpée. Florence nous a donné une petite frousse en perdant l'équilibre et en glissant sur le dos avant de finir par une petite pirouette. Il y a eu plus de peur que de mal. La deuxième partie de la descente est magnifique. Nous traversons à six reprises une rivière avec des cascades impressionnantes. J'ai d'ailleurs fait une petite glissade d'eau bien involontaire. Loïc aussi nous a montré qu'il pouvait être encore plus mouillé qu'après 8h de randonnée sous la pluie. La fatigue se faisait sentir de plus en plus et la plupart des gens avaient hâte d'arriver au stationnement. Avec mon côté masochiste, j'étais bien et je profitais au maximum des superbes paysages qui s'offraient à nous. 9h30 après notre départ, nous complétions la boucle avec fierté. La soupe et la douche chaude seraient bienvenues ce soir là.

J'ai dormi comme un bébé. Le lendemain matin, il y a eu un retour sur la randonnée et une activité pour souligner le passage vers le secondaire. Plusieurs avaient la gorge nouée et quelques larmes ont été versées. De mon côté, c'était uniquement de la fierté et du bonheur. En début d'année, j'avoue que j'étais inquiet pour le passage du primaire au secondaire. Dans le fond, j'étais plus inquiet pour moi que pour Sarah. Je n'ai aucune crainte pour ma fille. C'est une ado remarquable. Elle est responsable tout en sachant lâcher son fou quand c'est le temps. Elle est toujours là pour ses amies sans s'oublier au passage. Elle s'intègre facilement sans se laisser embarquer par la pression d'être comme les autres. Elle est capable de s'affirmer tout en respectant l'opinion de ses amis. Je ne pense pas que quelqu'un peut ne pas aimer Sarah et je ne dis pas ça parce que c'est ma fille. C'est sûr que je ne suis pas objectif mais j'ai toujours été fier de l'enfant qu'elle était et je suis encore plus fier de l'ado qu'elle est devenue. Elle sera une femme magnifique.

Sarah qui marche d'un pas décidé vers le secondaire!

Je me suis rendu compte, durant ces trois jours, que c'est une transition pour nous aussi, les parents. Entre la maternelle et la 6ème année, j'ai appris à connaître et aimer ces jeunes ainsi que certains parents. Ces trois jours m'ont même permis de tisser des liens d'amitié et de mieux connaître des pères et des mères. Je suis encore sur un "high" quelques jours après mais en même temps, je suis triste de perdre de vue ces nouveaux amis. J'ai eu énormément de plaisir durant ces trois jours et c'est dû aux gens qui m'entouraient. J'ai appris plein de choses durant nos conversations et j'ai ri beaucoup. Ces nouveaux amis vont me manquer. Heureusement, quelques-uns d'entre eux ont des enfants de l'âge de Raphaël alors nous nous verrons encore quelques années.

Les jeunes vont me manquer aussi. Certains sont dans la classe de Sarah depuis la maternelle. Je les ai vus passer de la petite enfance à l'adolescence. On s'attache à ces petites bêtes là. Je continuerai à en voir certains car je sais que Sarah gardera les liens tissés pendant toutes ces années avec ses amis. Fini par contre les activités scolaires et les randonnées avec eux. Au secondaire, les parents ne peuvent plus s'impliquer et participer aux activités. Il faut les laisser grandir et c'est probablement beaucoup plus difficile pour nous que pour eux. Les enfants ont une capacité d'adaptation beaucoup plus grande que nous. Ils arriveront dans une nouvelle école, auront de nouveaux défis et se feront de nouveaux amis. De mon côté, j'aurai un petit deuil à faire en pensant aux amis d'une fin de semaine.

Je tiens à remercier les deux Caroline et France de nous avoir permis de vivre cette aventure. Merci aussi à tous les parents qui se sont impliqués et qui ont rendu ce séjour agréable. Merci enfin aux plus importants, ces 31 élèves de 6ème année qui m'ont faire rire pendant toutes ces années du primaire. Je vous aime et je vous souhaite la meilleure des chances au secondaire.

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